dimanche 13 mars 2016

COMPRENDRE LE MONDE DES SUMOS


Cérémonie du yokozuna Harumafuji à Kyoto
Cérémonie du Yokozuna Harumafuji

Les sumos (ou rikishi en Japonais ) sont méconnus en occidentaux. Pourtant plus qu'un sport c'est un art traditionnel important appartenant au patrimoine du Japon lié à son histoire et à la religion shintoïste réglé par de nombreux codes difficiles à comprendre pour les étrangers. Pourtant en s'y intéressant un peu plus le sumo devient vraiment captivant.




LES ORIGINES DU SUMO


Le premier combat de sumo remonterait à 21 av JC. 
L'origine de ces combats n'est pas clair, ils seraient apparus soit à l'occasion de fêtes populaires soit pour des rites mortuaires.
Les tournois ont évolué au fil du temps pour commencer à être organisé à la cour au VIIe siècle.

C'est aussi à cette période qu'est apparue la limitation de la zone de combat.
Au début carré, elle deviendra ronde à partir du XVIIIe siècle, période où débute le sumo avec ses caractéristiques de bases actuelles.


VIE AU QUOTIDIEN DES SUMOS


Pour pouvoir accéder entrer dans le monde des sumos il faut d'abord passer 6 mois dans une école pour apprendre l'histoire du sumo, la calligraphie et aussi le corps humain et les blessures qu'il peuvent avoir.
Pendant 6 mois les apprentis sumos seront coupés du monde et ne penseront que sumo.
Ensuite ils devront passer un examen avant de pouvoir entrer dans une Heya (chambre) afin de de recevoir un véritable enseignement des techniques de sumos et s’entraîner pour pouvoir gravir les échelons.

Les apprentis sumos doivent vivre ensemble dans la même chambre. Seul les sumos de haut rangs peuvent avoir leur propre chambre ou bien vivre en dehors de la Heya.

Leur vie est rythmé par un programme bien réglé: entrainement dès 5 heure du matin pour les plus jeunes jusqu'à 10 heure, ensuite ils devront préparer le petit déjeuner pour les sumos de plus haut rang qui ont le privilège de commencer u peu plus tard leur entrainement.



Sumo fait des pompes pour son entrainement
Entrainement : et oui les sumos font des pompes



Le petit déjeuner est bien copieux, il s'agit du shanko nabé: bouillon dans lequel on fait bouillir différents aliments tel que du poulet, du poisson, divers légumes. Une fois que les aliments sont mangés les sumos mettent dans le bouillon une grosse quantité de riz. C'est un véritable régime hypercalorique.

Les apprentis sumos ne pourront commencer à manger que lorsque leurs aînés auront finis.
Après manger les sumos vont se reposer dans leur chambre afin de pouvoir prendre du poids.

Le repas du soir sera aussi constitué du shanko nabé, il sera pris entre 19 heure et 21 heure juste avant de dormir, encore une fois dans le but de favoriser la prise de poids.

L'organisation de la Heya est très structurée et hiérarchisée. Bien souvent elle est tenue par un ancien sumotori avec sa femme. Lui s'occupe de l'entrainement et sa femme s'occupe des sumos un peu comme une mère. Ils vivent ainsi tous comme une véritable famille.
Les apprentis sumos doivent s'occuper des taches quotidienne tel que faire à manger, nettoyer la Heya et en échange les sumos confirmés partagent leur revenu qui permettra de financer le quotidien.





ORGANISATION DES BASHOS (COMPÉTITIONS)


Les compétitions se tiennent tous les 2 mois et change de lieux:

  • Janvier : Tokyo
  • Mars : Osaka
  • Mai :  Tokyo
  • Juillet : Nagoya
  • Septembre : Tokyo
  • Novembre : Fukuoka
Entre chaque basho les sumos font des tournées pour faire des démonstrations dans les villes éloignées des lieux des bashos. Voir mon article sur celui de Kyoto
La compétition dure 2 semaines.
Chaque sumo fera un combat par jour, en commençant par des adversaires plus bas dans le classement pour finir avec ceux du même niveau.
Pour pouvoir monter dans la hiérarchie il faut accumuler plus de victoire que de pertes à la fin du tournoi.



LE BANZUKE  ( LE CLASSEMENT)

Le tableau du classement des sumos est appelé banzuke.
Il est remis à jour à chaque tournoi.

Les sumos sont d'abord classés en 2 groupes : Est et Ouest en fonction de leur région d'origine.

Puis ensuite en fonction de leurs résultats.

Les meilleurs lutteurs, 70 environ sont appelés Sekitori et sont ceux qui reçoivent un salaire.
Les lutteurs qui ne sont pas dans cette catégorie sont environ une centaine.

Les Sekitori sont classés en 2 divisions : les Juryos (division inférieure) et les Makuuchi (champions attitrés)

Ensuite voici le classement des Makuuchi:


  1. Les YOKOZUNA : titre suprême, actuellement 3 lutteurs, tous Mongoles
  2. Les OZEKIS : 4 actuellement
  3. Les SEKIWAKE: 2
  4. Les KOMUSUBI: 2
  5. Les MAEGASHIRAS : 31


Le Yokozuna Kakuryû


MAWASHI :LA TENUE DES COMBATS 


Lors des combats les sumos sont vêtus d'une simple ceinture appelée "Mawashi"
La ceinture mesure de 9 à 14 mètres de long, 80 cm de large.
Généralement il faut faire environ 6 tours de taille afin d'obtenir une épaisseur de 10 cm
Elle est serrée au maximum, ce qui nécessite 2 à 3 personnes voir aussi de la mouillée, de manière à rendre plus difficile l'infiltration des doigts et rendre la prise plus difficile.

Leurs cheveux doivent être lissés avec de l'huile et former un chignon.
Les lutteurs gardent leur cheveux longs qui seront coupés le jour où ils se retirent du championnat.
Considéré comme des demi-dieux il est d'ailleurs interdit de toucher la tête d'un sumo.


LE DOHYÔ



Le dohyô lors des compétitions de sumo
Le dohyô lors des compétitions de sumo



Le cercle circulaire dans lequel à lieu les combats s'appelle le dohyô. Il fait 4.55 mètre de diamètre avec une bordure de 4 à 6 cm.
Elle est construite en terre argileuse recouverte d'un mince couche de sable.
La bordure est constituée par l'alignement de pièces cylindriques d'argiles recouvertes de paille.
Aux quatres coins cardinaux la bordure est légèrement décalée. Cela permettait à l'époque l'évacuation de l'eau.
Le carré du dohyô est surélevé de 60 cm environ.


Le dohyô, le cercle où se déroule les combats



LE CÉRÉMONIAL: SHIKIRI

Le combat est toujours précédé d'un cérémonial difficile à comprendre si l'on n'en connait pas les codes.
Il tient son origine du shintoïsme ce qui explique les habits portés par le gyoji (arbitre)

Les lutteurs sont d'abord appelés par le Yodibashi.

Chacun se met sur le coin arrière correspondant à sa direction (Est ou Ouest) et frappe des mains afin d'attirer l'attention des Dieux. Puis chaque lutteur lève le bras droit et exécute ce que l'on appelle le "shiko" avec la jambe droite, se baisse et se relève pour répéter le même geste à gauche.

Le shiko c'est le fameux geste qui consiste à frapper du pied le sol. Il symbolise le fait d'écraser les mauvais esprits mais c'est aussi utile pour l'équilibre et la souplesse.
C'est sûrement plus difficile à faire qu'il n'en parait, d'autant plus que lorsque le sumo lève la jambe c'est presque comme un grand écart.

Ensuite ils s'accroupissent et doivent se purifier en se rinçant la bouche avec de l'eau  (chikara-mizu)
Là encore il s'agit d'un geste religieux, le dohyô est sacré il faut donc se purifier avant d'y rentrer, il s'agit du même geste que l'on effectue avant d'entrer dans un temple shintoïste.


Le sumo Ichinojo à Kyoto
Ichinojo se rince la bouche pour se purifier


Après la purification du corps vient la purification du sol, les lutteurs vont pour cela jeter du sel purifié (kyome no shio) dans le cercle. Le sel servait aussi à l'époque à protéger les blessures.

Ils rentrent dans le cercle, se font face accroupis jambes écartées (sonkyo) et ouvrent les bras en montrant la paume des mains (chiri) afin de montrer à l'adversaire qu'il n'a pas d'armes.

Les lutteurs placés chacun derrière un trait blanc situé à 70 cm l'un de l'autre commencent à se scruter, à sonder l'état d'esprit de l'autre.

Tel des samouraï ils ne doivent pas montrer leur sentiment.
Il est aussi interdit à un sumo de parler lorsqu'il entre dans le stade.

Ils vont faire 3 aller retour entre le contre du cercle et le bord avant que l'on combat commencent.
Le gyôji annonce qu'il est temps de commencer le combat par un "jikan desu" ou "matta mashi".





LA LUTTE DES SUMOS

Le début du combat est donné par le signal du gyôji avec son gumbai ( sorte d'éventail)



Arbitre de combat de sumo à Kyoto
Le gyôji et son gumbai




Il n'y a pas de catégorie de poids dans ce sport et le poids moyen est de 155 kg.
Le plus lourd actuellement fait 200 kg.

Le principe du combat est simple : faire tomber l'adversaire ou le pousser hors du cercle.

Le premier choc lors du début du combat est très violent, il atteint couramment les 200 à 300 kg.



Contrairement à ce que l'on peut penser le combat de sumo est très technique et tout se joue en quelques secondes.
La stratégie consiste à agripper la ceinture de son adversaire des 2 mains afin de prendre l'avantage sur lui et de pouvoir le faire tomber par une prise ou bien tout simplement le repousser le plus vite possible pour le faire sortir du cercle.
Un combat dure rarement plus de 30 secondes mais quelques fois peut durer quelques minutes.

Pour les encourager il est courant d'entendre le gyôji crier "Nokotta Nokotta" ou "Hakkyoi"



Combat de sumo: oosunarashi contre ichinijo
Prise de ceinture entre Ichinojo et Oosunarashi



Il existe environ 72 prises différentes dans le sumo.
On se rend compte alors que les sumos ne sont pas simplement gros mais sont aussi musclés et très souples, c'est parfois impressionnant de voir ce qu'ils sont capables de faire.
Un bon sumo doit à la fois être un bon stratège, fort, souple et rapide.

Pour moi le plus impressionnant est lorsque qu'un lutteur se retrouve au ras du cercle et qu'il bascule derrière lui vers l'extérieur comme pour tomber en amenant son adversaire et se retourne au dernier moment sur ce dernier.

La deuxième technique qui me surprend toujours c'est de voir un sumo soulever son adversaire du sol en le tenant par la ceinture et l'amener en dehors du cercle.




DE NOUVEAU POPULAIRE 


Le monde du sumo a dû faire face comme beaucoup d'autres sports à quelques scandales et a été pendant quelques années délaissés par les Japonais. Mais actuellement il revient à la mode et les places pour assister aux tournois se vendent bien. Comme je l'expliquais dans un de mes ancien post il y à même le phénomène des "sumos girls" qui est très tendance.

De plus lors des derniers bashos des Japonais commencent à monter en puissance, tout le Japon est dans l'attente de voir enfin à nouveau un Japonais avec le titre de Yokozuna.


Ozeki Kotoshogiku à Kyoto
l'Ozeki Kotoshogiku l'espoir des Japonais



D'autre part les étrangers commencent aussi de plus en plus à s'y intéresser.
D'ailleurs même si le monde du sumo est assez fermé il y a de plus en plus d'étrangers et pas seulement des Mongoles.

Le sumo Bulgare Tochinoshin
Le Bulgare Tochinoshin



Le monde du sumo fait parti intégrante de l'histoire et de la religion du Japon, comprendre le sumo c'est aussi mieux comprendre la société Japonaise.

Pour les personnes qui ne vivent pas au Japon et qui aimeraient voir des combats de sumos il est possible de voir un résumé des matchs sur la chaîne NHK WORLD dans les news.

Si vous voulez en savoir plus je vous conseille l'excellent livre de l'ancien sumo KIRISHIMA Kazuhiro 
"Mémoires d'un lutteur de sumo", c'est ce livre qui m'a appris à apprécier ce sport.
Il y a aussi le film documentaire "Tu seras sumo" qui explique bien les difficultés d'un apprenti sumo.

Les sumos que j'aime suivre sont : Kotoshôkigu, Kisenosato, Terunofuji, Yoshikaze, Takayasu, Hakuhô et Harumafuji




2 commentaires:

  1. très intéressent, j'apprécie ce site- amitié

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  2. Petite erreur, Tochinoshin( Levan Gorgadze) est géorgien, c'est Aoiyama ( Daniel Ivanov ) qui est bulgare.
    Et plus loin encore, Kaisei (Ricardo Sugano) est brésilien, certes, d'ascendance japonaise, piur ceux en activité actuellement :)
    Sans compter l'imressionnant nombre de rikishi mongols.

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